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par Sr Jacqueline Lorétan

Cimetières

En notre époque, sans être pour autant antispéciste, nous considérons les animaux comme des êtres qui nous sont proches, qui ont des sentiments, qui nous comprennent et nous sont attachés. Ainsi arrive-t-il très souvent qu’à la mort d’un animal de compagnie, sa/son propriétaire éprouve douloureusement cette perte. Et il devient courant de lui faire un enterrement approprié en lui arrangeant une tombe au cimetière pour chiens, chats et autres amis de l’homme.

Il semble que la tendance s’inverse du côté des défunts du genre humain. On renonce souvent à une tombe personnelle ; ou peut aussi choisir d’éparpiller les cendres dans un paysage magique, un surface d’eau, un sommet.

Et si nous constatons un certain abandon de nos cimetières traditionnels, c’est aussi dû au fait que les familles sont moins nombreuses, les enfants à l’étranger, et que les parents vivent plus longuement ; il ne se trouve donc souvent personne pour fleurir les tombes.

Faut-il en conclure qu’on traite mieux les chiens que les siens ? (Un peu à l’image des étals bien garnis de croquettes pour animaux qui peuvent nous faire oublier les millions d’enfants sous-alimentés de notre terre).

Il ne nous appartient pas de juger notre prochain. Ce qui reste, c’est que notre présence est bien plus importante aujourd’hui auprès d’un être seul, âgé, souffrant que demain devant sa tombe. Oui, il y a le respect du souvenir. Il y a aussi un équilibre à trouver, des priorités à reconnaître. Ne nous attardons pas outre mesure aux cimetières, mais rappelons-nous la parole d’avenir que Jésus adressa à cet homme qui voulait le suivre : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars et annonce le règne de Dieu.» (Lc 9,60)