par Sr Jacqueline Lorétan
Oui, il s’est fait un grand calme sur “la colline“, comme on désigne volontiers ce lieu béni de La Pelouse, habituellement apprécié justement pour son calme. Les arbres du parc sont toujours aussi beaux et majestueux, la Cime de l’Est se dresse devant nous dans toute sa splendeur enneigée, ne se souciant pas de la pénurie d’admirateurs. Et que dire du si bel espace liturgique de la chapelle où les sœurs sont placées à distance les unes des autres et nos hôtes relégués à la tribune ?
Faut-il se lamenter de cette “platitude“ imposée ? Imposée quoique consentie par solidarité et responsabilité civique, elle nous pèse et nous fait soupirer. C’est vrai qu’il y aurait de quoi se désoler, n’étaient les si belles réalisations nouvelles, jaillies d’une créativité vivante et faisant front à la résignation.
Des méandres des multiples et variables décisions prises par nos autorités cantonales et fédérales, quelque chose de neuf à germé, tel le grain enfoui en terre qui tout d’un coup pointe pour voir le jour. (Cf. la parabole unique à Marc, ch. 4,26-29).
D’abord, il y avait le fait douloureux de ne plus pouvoir célébrer l’Eucharistie. De là sont nées, comme ce site vous l’a fait connaître, nos célébrations de la Parole. Elles sont une vraie bénédiction et font partie désormais de notre vie liturgique.
Puis, on a introduit le port des masques en tout lieu, et nous nous sommes plus ou moins habituées à chanter à travers ce filtre. Pas pour longtemps, car il n’est plus permis de chanter du tout ! Alors, comment continuer ?
Nos responsables liturgiques, sœur Claire Isabelle et sœur Adrienne, ne voulant surtout pas laisser s’étioler nos célébrations, se sont mises à élaborer avec beaucoup de temps et de créativité des déroulements des Offices adaptés aux nouvelles restrictions, et ceci à l’aide de toute une gamme de moyens disponibles tels que : Parties chantées par une ou deux solistes ; psaumes récités de diverses manières, comme aussi écoutés sur CDs ou lus en traductions alternatives, prenant soin de faire participer l’assemblée à qui revient un rôle primordial en toute liturgie digne de ce nom.
Pour solenniser certaines célébrations, nous profitons des divers talents présents en insérant soit un jeux d’orgue, soit un air de flûte, de violon ou quelques accords de guitare…
Cet investissement de temps et de réflexion nous vaut de goûter de manière renouvelée les textes sacrés et de revisiter des passages devenus un peu routiniers à l’usure du temps. A l’image de la nature qui repart de plus belle après l’apparente absence de vie durant l’hiver, nous récoltons en plein régime d’austérité des trésors de sens et de beauté qui alimentent notre louange quotidienne. Il y a là de quoi s’émerveiller et de rendre grâce - en attendant la fin* du tunnel !
* A moins que ce ne soit la suite des directives. Car, comme disait dernièrement une de nos collaboratrices : « On se sent tout drôles si, pendant une semaine, il n’y a pas de conférence de presse du Conseil fédéral... »