Liste des articles "Point de vue" publiés

Illustration Point de Vue

par Sr Jacqueline Lorétan

Refrain bien connu, souvent chanté comme prière à table. Et nous serons rassasiés. Ils seront rassasiés, les pauvres. C’est ce qu’affirme la suite du refrain. Donc pas de soucis et bon appétit.

Cité hors contexte du grand Psaume 21, Prière du Serviteur souffrant, ces paroles peuvent A) nous donner bonne conscience ou B) nous scandaliser. Depuis que la pandémie est passée par là, nous avons tous vu les images des files d’attente devant les locaux de distribution de colis alimentaires, même en Suisse. Bien pire encore dans les pays pauvres et les zones de famine aigüe toujours plus nombreuses sur notre planète.

Il est significatif que le prix Nobel de la paix ait été attribué en 2020 au Programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM). « Je ne me couche pas le soir en pensant aux enfants que nous avons sauvés, je me couche en pleurant sur les enfants que nous n’avons pas pu sauver », nous a confié Davis Baesley, directeur exécutif du PAM, le jour de la remise du prestigieux prix qu’il considère davantage comme un appel à l’action qu’une récompense.

Il ne s’agit pas de nous remplir de culpabilité, il s’agit de nous laisser réveiller !
Nos petits ou grands renoncements ne contribuent que pour une très modeste part à l’éradication de la faim dans le monde. Est-ce qu’alors notre prière serait plus efficace ?

Tout dépend comment je prie. Il est de ces formules de prière toutes faites où il semble suffisant de renseigner le Bon Dieu sur tel ou tel problème, genre “Seigneur, fais que… ». Est-ce qu’il s’en chargera tout seul, sans nous ? Certainement pas. Jésus a multiplié les pains en Galilée ; mais, depuis sa montée au ciel, c’est à nous qu’il confie le prochain qui a faim. Il serait donc plus logique d’intercéder pour les acteurs qui actuellement, dans leur humanité, travaillent à son “programme de secours“, comme par exemple les bénévoles des banques alimentaires, les chargés de mission des ONG sur le terrain, les élus politiques élaborant le budget d’aide, etc. La liste se rallongera à mesure que notre charité se fera inventive. Laissons courir notre imagination pour renouveler le langage de nos prières universelles et de nos prières à table. Ce petit effort mental pourrait sensibiliser celles et ceux qui partagent notre prière pour se joindre de cœur (et de corps ?) à l’effort universel de la lutte contre la pauvreté. Lutte où tant de nos contemporains s’engagent déjà. Croyants ou pas, ils accomplissent l’œuvre de Dieu sur la terre.

D’un cœur sincère qui cherche à faire la volonté de Dieu, puissions-nous alors chanter jusqu’au bout ce beau verset 27 du Psaume 21 : « Ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent : A vous, toujours, la vie et la joie ! »