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par Sr Jacqueline Lorétan

La photo ci-dessus, prise à Bethléem il y a 10 ans, montre un des « enfants de la honte » recueilli par les sœurs de Saint Vincent de Paul dans le Foyer de la Sainte Famille. Voici, résumé, le témoignage de l’une d’entre elles :

“Enfants de la honte“

« Ils nous viennent de tous les points de Palestine. Parfois ce sont de petits orphelins, apportés par un membre de la famille, mais la plupart ont été trouvés dans les champs, dans la rue, dans des poubelles, aux portes des hôpitaux, des mosquées ou des églises ; ces “enfants de la honte” issus de viols, de relations incestueuses ou hors-mariage, sont considérés comme un déshonneur dans les familles arabes qui vont parfois jusqu’à tuer mère et bébé pour laver la faute commise. »

 

Le drame des Saints Innocents est donc toujours d’une poignante actualité dans le pays de Jésus. Et bien ailleurs encore, d’après les images que nous voyons défiler en spectateurs impuissants sur nos écrans ; comme celles du 8 décembre dernier, où nous avons été témoins des larmes du pape François nommant le peuple ukrainien dans sa prière à l’Immaculée.

Cette année nous allons nous unir à distance, mais de cœur, au premier – et espérons, dernier - Noël de guerre en Ukraine : il nous sera difficile de nous sentir 100 % en fête. En optant pour la simplicité et le partage, une valeur moins marchande et plus affective de nos cadeaux échangés nous donne l’espoir de soulager un tant soit peu les conditions extrêmes dans lesquelles le peuple ukrainien va commémorer la naissance du Christ.

Car au milieu du gâchis de cette guerre, Noël est et doit rester l’évènement d’une grande joie, celle annoncée par l’Ange aux bergers. C’étaient des pauvres, des marginaux, comme Marie qui avait dû accoucher à l’écart des habitations humaines ; comme Joseph, affronté à une situation de grande précarité ; et comme ce nouveau-né sur la paille… Mais voici que ce n‘est pas une pauvreté triste, car il s’agit de la naissance du Sauveur ! Le ciel et la terre la célèbrent par le chant des anges et la visite des bergers. Là où des pauvres en soutiennent d’autres peut naître la joie.
Que notre entraide en porte l’empreinte, afin de soutenir la foi et l’espérance de nos frères et sœurs ukrainiens.

Ce Noël si particulier pourra nous offrir l’occasion d’un retour à l’essentiel, à un accueil effectif de son message d’amour : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25, 40).

La venue du Christ parmi nous en pauvre nous invite à mettre nos pas dans les siens. Sur les routes de Palestine qui passent par notre quotidien.