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par Sr Jacqueline Lorétan

Tombes fleuries et décorées sous les dernières couleurs flamboyantes de l’automne. Devoir sacré, besoin profond ou simple formalité, ces rites séculaires perdurent au-delà des changements de société. Rites qui remontent très, très loin, bien avant le christianisme, jusqu’à la préhistoire. Le fait que l’on trouve des traces de sépultures chez nos lointains ancêtres permet de les considérer comme humains, car ceci n’est pas le cas chez les hominidés du règne animal.

Toute l’histoire ensuite nous le prouve : l’être humain n’est pas fataliste devant la mort. Pensons par ex. aux pyramides d’Egypte avec leurs momies embaumées, ou aux coutumes malgaches de “retournement des morts“, donc du soin pris des corps défunts. Il s’y reflète comme un refus de les voir disparus à jamais ; comme un pressentiment d’une vie toujours là.

« Y a-t-il quelque chose après la mort ? »

Fleurir les tombes, nous y arrêter et converser avec ceux et celles dont les noms sont gravés là, signifie déjà une amorce de réponse. Si nous sommes chrétiens, nous osons croire qu’il n’y a non seulement “quelque chose“, mais QUELQU’UN qui nous attend de l’autre côté. Le Christ, sorti vivant du tombeau, entraînant avec lui ceux qui l’attendaient.

Je me souviens que ma maman, protestante, allait jusqu’à nous interdire de prier pour elle après sa mort, disant : « Vous feriez offense à Dieu, car c’est Lui qui prendra soin de moi une fois que je serai de l’autre côté. »

Les théologies divergent ; ce qui compte, c’est notre foi en la VIE indestructible, ici comme dans l’au-delà. C’est de servir la vie et donc les vivants. Je n'ai jamais oublié ce capucin plein de fougue qui prêchait la mission paroissiale : « Lorsque vous portez des fleurs sur les tombes de vos morts, n’oubliez pas d’en offrir aussi aux vivants ! »

Eriger de beaux monuments dans les cimetières alors que des vivants, frères et sœurs humains sans-abri, n’ont pas de toit, n’est-ce pas boiteux, scandaleux même ? Il ne faudrait tout de même pas que notre GPS nous annonce au portail du cimetière : « Vous êtes arrivé·e à destination ». Visons plus haut ! prenons l’Evangile pour boussole, afin que, le jour de notre mort, les pauvres eux-mêmes nous ouvrent la porte du Paradis :

« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli… » (Matthieu 25).