par Sr Jacqueline Lorétan
On ne sait trop pourquoi, mais à chaque retour de la belle saison, cela nous démange… (pas uniquement les femmes !) On ouvre placards et tiroirs, grimpe au galetas et plonge dans les profondeurs de la cave et y découvre des trésors longtemps oubliés, comme aussi des objets défraichis qu’on ose enfin jeter à la poubelle. Quel bien cela nous fait de tout trier, ranger, avoir enfin de l’ordre en portant Nous vient alors à l’esprit cette fameuse et sympathique phrase de Péguy :
Femmes, je vous le dis, vous rangeriez dieu même.
Et, comme par coïncidence, en ce dimanche “Laetare“, Jésus lui-même se met à faire le ménage : pas n’importe où, mais dans le Temple de Jérusalem, lui, le prédicateur va-nu-pieds, provincial de la lointaine ville Nazareth. Mais, dans son cas, il ne s’agit pas de mettre de l’ordre pour le plaisir de voir la maison bien propre ; il s’agit pour lui de reconduire la maison de son Père à sa vraie destination : être le lieu qui permet aux croyants de se recueillir et de prier.
Ainsi pour nos joyeux rangements ; ils peuvent transformer des lieux mal propres et encombrés où tout nous énerve en des espaces de beauté et de bon goût où l’on peut respirer, se sentir bien ; on s’y laissera volontiers inviter au silence, à la lecture d’un beau livre ; nos rencontres s’y passeront bien, car notre qualité d’écoute est optimalisée par ce cadre de paix et d’harmonie.
Morale de l’histoire : ne portons pas trop vite un jugement négatif sur cette “rage de la propreté et de l’ordre“ ; elle peut se révéler une occupation hautement spirituelle, dans ce sens qu’elle nous met de bonne humeur, et donc aimables pour notre prochain.