par Sr Jacqueline Lorétan
Cendres
Voilà ce qu’en dit le dictionnaire : un résidu de la combustion de diverses matières et produits, tels que déchets, brûlés ou incinérés en plein air, dans les cheminées ou les fours…,
A cette description, je revois immédiatement Buchenwald, ses fours crématoires et ses urnes remplies à ras-bord d’une poudre grise : les cendres des détenus, recueillies à la hâte lors de la libération du camp. « Déchets humains » incinérés en ce lieu même; tant de vies, tant de souffrances réduites en poussière morte et muette, alors que dans la Bible, « le sang d’Abel criait vers le ciel ». (cf. Genèse 4,10)
Même nos émotions les plus déchirantes ne peuvent rendre la voix ou faire justice à ceux dont il ne reste désormais plus que ce « résidu ». Nous ne pouvons rattraper le passé. Il nous faut être tournés vers le présent où des millions d’autres humains sont encore et toujours persécutés, torturés, exterminés. Le pape François a parlé de « la plus grande révolution de l’histoire » par rapport à l’humanité transformée par la mort et la résurrection du Christ ; humanité rendue capable de choisir les plus pauvres et les derniers des oubliés. Des hommes et des femmes engagés à redonner voix aux sans-voix et à restaurer la dignité à ceux qui en avaient été spoliés.
Entrons donc dans ce temps de Carême pour nous laisser transformer en profondeur par le Mystère pascal du Christ mort et ressuscité. Nous aussi, nous deviendrons capables de porter notre attention aux petits et aux faibles. En choisissant un tel « programme », nous renaîtrons de nos cendres mortes à une vie plus belle et pleine de sens. Que l’inépuisable trésor de la Parole de Dieu nous inspire et nous guide.