par Sr Jacqueline Lorétan
2 février : Présentation de Jésus au Temple et Journée de la vie consacrée
Nous connaissons bien le passage de l’Evangile où Jésus demande à ses disciples : « Au dire des gens, qui est le Fils de l’homme ? »… Puis : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? »
En tant que religieuse, je peux me poser des questions semblables : pour les gens, qui (ou que) suis-je ? Au cœur de l’Eglise : qui suis-je ?
Pour le monde donc, qui ou plutôt que suis-je ? Une survivante d’une espèce en voie de disparition ? Un personnage insolite au style de vie archaïque que l’on ne peut ni comprendre, ni imiter, mais tout au plus admirer pour son austérité ou son dévouement…
Et pour vous, disciples du Christ, baptisé∙e∙s formant l’Eglise : que ou qui suis-je ? Egalement une chose rare en train de disparaître ? (Lorsqu’on s’enquête sur le nombre de membres d’une communauté, la question est posée inévitablement avec le petit mot encore : « Combien êtes-vous encore ? » )
Donc, qui suis-je, sœur de Saint Maurice ayant passé plus de 50 ans “dans un couvent“ ?
Je suis une parmi les 4 milliards de femmes qui peuplent notre planète. Pour le Seigneur, je suis unique, comme chacune d’entre elles. J’ai été rencontrée par Celui que les chrétiens appellent Jésus-Christ. Il m’a fascinée et je l’ai suivi. Je l’ai fréquenté quotidiennement dans sa Parole et dans un cœur à cœur basée sur la foi, que l’on nomme prière. Tout cela, je le vis avec d’autres qui ont fait le même choix de vie : donc, en communauté. Si j’y suis toujours et y trouve ma joie, c‘est que ce Dieu invisible me donne à le voir en chaque visage humain, créé à son image.
Ma vie se modèle sur une “règle“ en l’occurrence celle de saint Augustin, mais tout d’abord, elle se fonde sur la Parole de Dieu.
Comme “par hasard“, nous venons d’entendre dimanche dernier, dans le cours de la lecture continue de la 1ère Lettre aux Corinthiens, l’hymne à la charité (1 Co,13,4-13). Voilà une règle de vie pour chaque chrétien, et combien plus pour les personnes qui ont consacré leur vie au Christ.
Si l’on cherche une utilité et une raison d’être à la vie religieuse, en voilà une : cette charité toujours recherchée, jamais atteinte parfaitement, sans cesse présente comme un appel vibrant à aimer Dieu et le prochain comme le Christ nous a aimés ; et comme lui, être au service de la vie en faisant de la nôtre une offrande, une hymne à la vérité de l’Evangile.