par Sr Jacqueline Lorétan
En ce 1er mai, il a beaucoup été question de la situation des femmes. « Solidaires, pour une justice sociale féministe et climatique » a-t-on pu lire sur les panneaux des quelques rares manifestations. La cause de la femme hissée au même niveau que le climat, c’est remarquable.
S’il reste encore bien à faire chez nous, il n’est simplement plus permis de se taire et de croiser les bras face au sort réservé aux femmes en général, où que l’on regarde. Oui, regardons, et voyons ces femmes qui témoignent de manière saisissante dans le documentaire Woman réalisé par Yann Arthus-Bertrand.
Quelle place donner aujourd’hui à MARIE dans un paysage religieux sans cesse changeant, se renouvelant ? Quel regard poser sur elle ? Il nous faudrait essayer de la regarder par delà les images qui foisonnent et peuplent notre imaginaire ; la regarder avec les yeux du cœur, tendre l’oreille et entendre les rares confidences que les évangiles nous livrent à son sujet.
Le Magnificat la montre comme l’humble servante, heureuse et comblée, chantant l’accomplissement de la Promesse. Dans le quatrième Evangile, nous la voyons près de la Croix où se meurt son fils. C’est en ce lieu, en ce moment le plus douloureux de son existence, qu’elle nous est donnée comme Mère.
Ensuite, l’Ecriture se taira, l’hagiographie prendra le relais, la présentant sur les Icones en Theotokos pleine de gravité et de noblesse, de tendresse aussi.
(Il y aura par la suite les chefs d’œuvres et les dérapages sentimentaux que nous connaissons. Ce n’est pas ici le lieu d’en juger)
« Nul n’a jamais vu Dieu », nous dit S. Jean ; il faut le chercher dans le visage de l’être humain, notre prochain, créé à son image. De même pour Marie. Nous la reconnaissons en cette mère qui pleure son enfant victime de l’injustice et de l’indifférence de l’ordre mondial ; elle est cette femme qui se relève encore et toujours, afin que la vie, et non la mort, ait le dernier mot. Elle est la croyante qui va jusqu’au bout de l’espérance.
Marie paraît donc tout naturellement être celle qui est la médiatrice, l’avocate pour la cause des femmes. Des femmes seulement ? Chez Dieu il n’y a pas d’exclusivité. Regardons encore l’Ecriture : Souvent, pour les fêtes mariales, la liturgie propose comme lecture cet extrait de la lettre aux Galates : « Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme (…) afin que tous, nous devenions ses filles et fils adoptifs. » (4,4-5)
C’est Lui, Créateur et Père de tous, qui saura attribuer les grâces de nos prières adressées à Marie comme il convient à son cœur de Père. Et c’est à nous de les rendre confiantes et vraiment universelles.