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par Sr Jacqueline Lorétan

Le bonheur de se fatiguer

Deux jours avant son voyage en Thaïlande et au Japon (19-26 novembre) le pape François va célébrer à Rome la Journée mondiale des Pauvres, Journée explicitement voulue par lui au terme du grand Jubilé de la miséricorde.

Vraiment, il ne s’économise pas, notre Saint Père octogénaire. Lui qui a tellement souligné, durant son récent voyage au Mozambique, que la proximité fatigue et que cette fatigue est bonheur et sainteté : « Puissions-nous trouver, dans cette fatigue salutaire, la source de notre identité et de notre bonheur ! La proximité fatigue, et cette fatigue est sainteté. » (cf. rencontre avec le clergé, les consacrés et les agents pastoraux le 5 septembre dernier ; cf. www.vatican.va ).

Serait-ce là le secret de sa joie et de son endurance que ni l’âge, ni les longs voyages ne semblent ternir ? Côtoyer les pauvres est son bonheur et ce bonheur, il souhaite le partager avec chacun de nous. Nous voici donc tous invités à cette « fête des pauvres ». On pense bien sûr d’abord aux rejetés, aux marginalisés, aux migrants, aux victimes de l’esclavage moderne, aux réfugiés des guerres et des famines…

Nous ne les croisons peut-être que rarement ici, et pas en ce jour précis du 17 novembre. Mais la vie se charge de placer tout près de nous et au quotidien des frères et sœurs touchés par les nouvelles pauvretés : précarités multiples engendrées par une société aux inégalités croissantes ; société qui génère les grandes solitudes, qui prône la jeunesse et l’apparence, qui est sans pitié pour les faibles… 

Si nous voulons bien les voir et nous arrêter près d’eux, notre « fête des pauvres » a lieu tous les jours. Nous faire proches de qui mendie un peu (ou même beaucoup) de temps, d’écoute, d’empathie ; nous rendre vraiment présents sans être pressés… nous voici dans cette proximité qui peut réellement « fatiguer et rendre heureux ». La voie du bonheur et de la sainteté s’ouvre largement devant nous.

Que cette « Fête des Pauvres » ne se limite pas à une journée ou à des lieux précis, ni à un seul événement. Nous avons l’opportunité, dans notre vie quotidienne, de trouver cette proximité qui « fatigue et rend heureux » en nous arrêtant avec celui ou celle qui mendie un peu (ou même beaucoup) de temps, d’écoute, d’affection…

La voie du bonheur et de la sainteté - via la proximité - est ouverte devant nous !