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Illustration Point de Vue

par Sr Jacqueline Lorétan

Eté, chaleur, vacances, tout nous invite à ralentir, à mettre en pratique “l’éloge de la lenteur“, selon le désormais célèbre livre de Carl Honoré. Paix intérieure, moins de stress, moins d’agressivité ; plus de gentillesse, plus de bonne humeur, de patience… Telle est la BONNE lenteur, celle qui est un bienfait pour nous-mêmes et notre entourage ; elle est à recommander, à souhaiter aux proches et aux lointains…

Mais, attention, elle n’est pas de mise sans conditions ni sans discernement : il peut y avoir un bémol, comme dans bien des mélodies : toutes les lenteurs ne sont pas forcément bonnes.

Il peut y avoir certaines lenteurs contreproductives, égoïstes et faussement insouciantes, face aux enjeux urgents de notre planète et de ses habitants. Prenons la question climatique qui semble avoir perdu de son urgence, alors que le climat, lui, fait des siennes en ce moment même : orages violents sur l’Europe et “dôme de chaleur“ aux nord-ouest du continent américain.

L’intérêt général n’est pas davantage porté vers les urgences humanitaires ; tant de nos semblables attendent depuis des années dans les camps de réfugiés aux frontières de l’Europe ou au Bangladesh, où les Rohyngas, chassés de Birmanie, végètent dans des taudis de misère, oubliés du reste du monde…

Il en va de même pour les vaccins anti-covid où il fallait faire vite, très vite pour nous, habitants des pays riches, alors que dans les pays pauvres, seule une minorité privilégiée y a eu accès jusqu’à maintenant.

Ce sont là des lenteurs coupables parce que fratricides. Rappelons-nous la Genèse (ch. 4, v.9) : « Le Seigneur dit à Caïn : « Où est ton frère Abel ? » Caïn répondit : « Je ne sais pas. Est-ce que je suis, moi, le gardien de mon frère ? »

 

Ce qui marche bien, par contre, ce sont les conférences et rencontres au sommet où les grands de ce monde se parlent et font parler d’eux. On attend les résultats.

 

Mais revenons à des airs plus joyeux, là où la Bonne Nouvelle porte du fruit dans les cœurs et produit des résultats tangibles. Combien d‘hommes et de femmes de bonne volonté : bénévoles, gens de tous bords restés anonymes, donnent-ils de leur temps, de leur savoir-faire, de leurs moyens de subsistance même ? Ils viennent au secours de leur prochain manquant de nourriture, de vêtements, de soins ou de logement et, surtout, de reconnaissance et de chaleur humaine. « Ce que vous avez fait à l’un de ces petits… » (Mt 25).

Sortir de ma douce lenteur et accourir promptement lorsque le Christ frappe à ma porte, déguisé en mendiant : bonheur garanti !