Fr. François Cassingena-Trévedy

par François Cassingena-Trevedy, osb, Institut Catholique de Paris

« Le soir, ce même jour, le premier de la semaine, et les portes étant closes, là où se trouvaient les disciples (…), Jésus vint et se tint au milieu d’eux » (Jn 20,19).

La patience, l’honnêteté, la rigueur, l’ordre des choses, voudraient que l’on attende la fin bien avérée d’un événement ou d’une période de l’histoire avant que de se mettre en peine – ou en devoir – d’en tirer quelque leçon que ce soit. Bref, avant d’apprendre la leçon de manière intégrale et fructueuse, il faudrait être certain que le chapitre fût achevé. Or, loin d’être révolue, la crise que nous traversons se prolonge, rebondit en épisodes nouveaux et ne cesse d’agréger à son cortège, à son processus de déstabilisation, des composantes majeures ou plus subtiles de notre train de vie universel. Jamais nous n’aurons pu vérifier d’une façon si tangible, si quotidienne, si intime surtout, la pertinence d’une répartie aux allures de maxime, dans La Reine morte de Montherlant : « Un rien imperceptible, et tout est déplacé. »

Nous dirons encore, pour user cette fois d’un vocable familier à la langue du XVIIe siècle, qu’un ciron a grippé la machine du monde. Ce n’est pas une bombe atomique, comme on l’eût redoutée il y a quelques décennies (et comme on peut la redouter d’ailleurs toujours), mais les effets sont comparables, sauf à ce qu’ils ne soient pas tout uniment délétères, comme s’appliquera à le montrer, entres autres conclusions, la leçon qu’il nous incombe de dégager. Mais encore une fois, compte tenu de la vitalité à combien d’égards mortifère du phénomène en marche, n’est-il pas prématuré d’en tirer dès maintenant des considérations définitives et sans réforme possible ? Le caractère évolutif et pour ainsi dire agglutinant de la crise est en tout cas une donnée objective qui s’impose à notre attention et qui se doit envisager comme la majeure de notre syllogisme : en faisant reculer toujours plus loin l’échéance du dernier acte d’une histoire en cours, il obère les leçons que nous sommes pressés de retenir. À l’heure où nous sommes, et bien imprimé en nous par ces derniers mois le sentiment du provisoire (leçon vraiment inaugurale et magistrale que celle-là !), quelques leçons supplémentaires se peuvent néanmoins d’ores et déjà mettre en évidence.

Vers le texte complet en PDF : Leçons théologiques et spirituelles d'une crise sanitaire