Points de vue sur l'actualité

Jacqueline Loretan
Sœur de Saint-Maurice depuis près de soixante ans, je suis heureuse de mon engagement. Ma vie au service du Christ, partagée avec mes sœurs, trouve sa source dans la Parole de Dieu qui m’a touchée dès mon enfance, vécue en milieu œcuménique. Ma communauté a toujours eu à cœur de nous offrir à toutes une solide formation biblique, ce dont je suis infiniment reconnaissante. La méditation, l’illustration et le partage des textes bibliques font partie intégrante de ma vie de « retraitée ».
Y conformer ma vie est un défi quotidien sur mon chemin

Juin 2025
Bon débarras ?
« Ah oui, cette toile cirée qui ne sert plus à rien leur sera bien utile, à ces gens qui n’ont plus de toit sur la tête. - Et puis cette corbeille à pain un peu effilochée, ils ont seront très contents, les pauvres. Ainsi que les enfants, avec ta vielle poupée, n’est-ce pas, petite? En tout cas, nous aurons fait notre B.A. »
Qui ne se reconnaît pas un peu dans ce genre de réflexe ? Arrive une catastrophe - vite, montons au galetas! Or, les secouristes de Blatten ont tout de suite avertis: c’est d’abord de l’argent qu’il faut pour que chaque personne, chaque famille sinistrée puisse s’acheter ce dont elle a vraiment besoin. Ne privons pas de leur dignité ceux qui sont privés de leurs possessions.
Ceci me rappelle les temps où les missionnaires distribuaient fièrement les “friperies“ envoyées par les “gentils blancs“ pour les “pauvres noirs“. Alors que de l’argent pour acheter du tissu fabriqué sur place et une machine à coudre aurait permis à bien des personnes de gagner leur vie et de mettre des habits neufs à leurs enfants. - C’était une époque heureusement révolue, ou presque. Mettre la main au portemonnaie et donner plus que le superflu implique une certaine privation en faveur de ceux qui ont été privés de tout. Nous serons d’ailleurs toujours impressionnés de la dignité des “vrais“ pauvres qui n’hésitent pas à partager le peu qu’ils ont.
Sœur Jacqueline

Mai 2025
Aimez-vous les uns les autres
Le commandement de l’amour, serait-il réservé au christianisme ? De loin pas ! Il est présent dans les grandes traditions religieuses et sapientielles du monde, aussi bien dans la Thora, chez Platon ou dans l’Islam ; dans la sagesse bouddhiste comme celle des civilisations amérindiennes.
C’est au hasard de la lecture d’un roman* que cette idée m’a frappée. L’histoire se situe à l’époque de l’occupation nazie ; une bibliophile découvre dans une librairie juive clandestine les Aphorismes du Baal Chem Tov. Elle en est saisie. Suite à cela, je les ai cherchés sur Internet et j’y ai découvert de véritables perles. En voici deux :
C’est au hasard de la lecture d’un roman* que cette idée m’a frappée. L’histoire se situe à l’époque de l’occupation nazie ; une bibliophile découvre dans une librairie juive clandestine les Aphorismes du Baal Chem Tov. Elle en est saisie. Suite à cela, je les ai cherchés sur Internet et j’y ai découvert de véritables perles. En voici deux :
- Nos Sages ont dit que « la médisance tue trois personnes » : celui au sujet duquel on médit, celui qui médit et celui qui écoute. Il s’agit d’une mort spirituelle, ce qui est plus grave encore qu’un meurtre matériel.
Cet amour du prochain ne s’était pas éteint durant le drame de la Shoah, à ne penser qu’à une Etty Hillesum ou Magda Hollander-Lafon et son petit livre « Quatre petits bouts de pain », ouvrage plein de foi et de poésie. ** Au moment où nous sommes témoins des horreurs infligées à la population de Gaza, nous ne sommes pas à l’abri de réactions antisémitiques – ce qui ne résout rien. Essayons plutôt de nous souvenir de ces témoins d’hier et unissons notre prière pour la paix aux nombreux Israéliens actuels qui, comme nous, désirent mettre fin au plus vite au massacre qui a lieu, cette fois-ci, sur leur propre terre. - Humain, mon frère.
Sœur Jacqueline

Mai 2025
Arc de Triomphe
Il est vraiment à sa place en ce jour où cinq d’entre nous, sœurs de Saint Maurice, célèbrent 60 et 25 ans de vie donnée pour la bonne cause. Ce dont elles font mémoire touche à l’essentiel, bien plus qu’à des performances accomplies. Et cet essentiel, selon le Petit Prince, est invisible à nos yeux, puisqu’on ne voit bien qu’avec le cœur.
Un Jubilé de Profession, c’est une affaire de cœur, une histoire d’amour. L’amour de Dieu, bien sûr, mais enraciné dans la terre que nous foulons pour aller vers les autres, passage obligé pour rencontrer le tout Autre, Dieu, qui a pris visage humain en Jésus de Nazareth.
Depuis cela, tout visage d’homme nous parle de lui, comme il est écrit dans une des plus belles pages de l’évangile : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,31-46)
Ils fêterons ce jubilé avec nous, ces plus petits que nos sœurs ont un jour rencontrés, soignés, aimés.
Un Jubilé de Profession, c’est une affaire de cœur, une histoire d’amour. L’amour de Dieu, bien sûr, mais enraciné dans la terre que nous foulons pour aller vers les autres, passage obligé pour rencontrer le tout Autre, Dieu, qui a pris visage humain en Jésus de Nazareth.
Depuis cela, tout visage d’homme nous parle de lui, comme il est écrit dans une des plus belles pages de l’évangile : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,31-46)
Ils fêterons ce jubilé avec nous, ces plus petits que nos sœurs ont un jour rencontrés, soignés, aimés.
Sœur Jacqueline

Avril 2025
Des mots à désarmer
Le 14 mars dernier, depuis sa chambre de malade, le Pape François a adressé une lettre au directeur du Corriere della Sera, en réponse à son invitation à faire paraître un appel à la paix dans son journal. (texte intégral cf.vaticanews.va)
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’importance donnée aux mots :
« Nous devons désarmer les mots pour désarmer les esprits et désarmer la Terre. »
Ce triple appel au désarmement paraît original, il est pourtant terriblement réaliste.
Voyons combien de querelles s’enflamment à partir d’un seul mot qui ressemble à un couteau tiré ou un pistolet pointé vers l’interlocuteur. Et puis, il y a le regard, le geste et surtout, le ton qui en disent plus long que les mots seuls. Parler en vis-à-vis désarmé, avec un langage qui sort d’un esprit désarmé, voilà qui peut désarmer la terre.
Le saint Père conclut avec cet appel pressant: « Les religions peuvent d'ailleurs puiser dans la spiritualité des peuples pour raviver le désir de fraternité et de justice, l’espérance de paix. Tout cela demande de l'engagement, du travail, du silence, des mots. Sentons-nous unis dans cet effort, que la Grâce céleste ne cessera d'inspirer et d’accompagner. »
Dans sa lettre ne figure nulle part le mot « Dieu ». François s’adresse à tout homme de bonne volonté, quelle que soit sa croyance. Pour ceux qui pratiquent le jeûne, en voici un qui engage tout l’être, à commencer notre langue, tel que Saint Jacques en parle dans son Epître. (Jc 3,5-10)
Sœur Jacqueline
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’importance donnée aux mots :
« Nous devons désarmer les mots pour désarmer les esprits et désarmer la Terre. »
Ce triple appel au désarmement paraît original, il est pourtant terriblement réaliste.
Voyons combien de querelles s’enflamment à partir d’un seul mot qui ressemble à un couteau tiré ou un pistolet pointé vers l’interlocuteur. Et puis, il y a le regard, le geste et surtout, le ton qui en disent plus long que les mots seuls. Parler en vis-à-vis désarmé, avec un langage qui sort d’un esprit désarmé, voilà qui peut désarmer la terre.
Le saint Père conclut avec cet appel pressant: « Les religions peuvent d'ailleurs puiser dans la spiritualité des peuples pour raviver le désir de fraternité et de justice, l’espérance de paix. Tout cela demande de l'engagement, du travail, du silence, des mots. Sentons-nous unis dans cet effort, que la Grâce céleste ne cessera d'inspirer et d’accompagner. »
Dans sa lettre ne figure nulle part le mot « Dieu ». François s’adresse à tout homme de bonne volonté, quelle que soit sa croyance. Pour ceux qui pratiquent le jeûne, en voici un qui engage tout l’être, à commencer notre langue, tel que Saint Jacques en parle dans son Epître. (Jc 3,5-10)
Sœur Jacqueline

Février 2025
L'intelligence du coeur
Comme chaque matin, je vais aux infos pour tâter le pouls de notre planète malade. Sois sur Internet, par la radio ou dans le journal, le constat est désolant. La nouvelle pandémie (on pourrait l’appeler “Trumpisme“) se répand comme un feu de brousse, un tsunami. Selon les scientifiques et les analystes expérimentés, il y a peu d’espoir de guérison à court ou moyen terme. Et ce seront à nouveau les pauvres vont trinquer – ainsi que notre moral. Où trouver une issue, une guérison? Essayons de changer de source d’information en nous tournant vers ces gens simples qui font le bien sans bruit, sans même s’en apercevoir. Des Sages nous le disent : chaque geste de bonté désintéressée rend notre monde un peu plus hospitalier. Non par des actes héroïques, mais par une simple manière d’être, d’être en relation. Et il y a mille façons de s’y prendre, comme par exemple:
- Vivre la communication non-violente au quotidien ; - Improviser une fête à partir d’un évènement ordinaire ; - Savoir dire “merci“ et “bonjour“ et “comment allez-vous ?“ en ces lieux sans âme que sont les salles d’attentes, les transports publics, les bureaux…
Ce combat paraît dérisoire, comme celui de David contre Goliath. Pour venir à bout de la bêtise brute, il nous faut remplir notre fronde de galets diamétralement opposés, la clairvoyance et l’empathie; autrement dit:
L’INTELLIGENCE DU COEUR
Elle s’acquiert par un regard neuf et bienveillant sur le monde et tout être vivant, par l’émerveillement, la gratitude et le désir que tous aillent bien …
Sœur Jacqueline
- Vivre la communication non-violente au quotidien ; - Improviser une fête à partir d’un évènement ordinaire ; - Savoir dire “merci“ et “bonjour“ et “comment allez-vous ?“ en ces lieux sans âme que sont les salles d’attentes, les transports publics, les bureaux…
Ce combat paraît dérisoire, comme celui de David contre Goliath. Pour venir à bout de la bêtise brute, il nous faut remplir notre fronde de galets diamétralement opposés, la clairvoyance et l’empathie; autrement dit:
L’INTELLIGENCE DU COEUR
Elle s’acquiert par un regard neuf et bienveillant sur le monde et tout être vivant, par l’émerveillement, la gratitude et le désir que tous aillent bien …
Sœur Jacqueline