Jacqueline Loretan

Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose.
Et quelle est cette joie, aussi surprenante qu’une rose en plein désert? C’est le retour de l’exil qu’Isaïe ressent comme la vengeance, la revanche de Dieu sur le mal et la souffrance. Il n’y aura plus ni douleur, ni crainte pour le peuple revenant “couronné de joie“. Tous seront délivrés de leurs infirmités: aveugles, sourds, boiteux, muets. C’est ce passage que Matthieu met dans la bouche de Jésus lorsqu’il répond au questionnement de Jean-Baptiste en prison. Cette-fois-ci non plus au futur, mais au présent du salut en train de s’accomplir par ses mains.
En inaugurant le Royaume des cieux, Jésus réalise bien au-delà de ce qu’un prophète humain pouvait annoncer. Envoyé du Père, le Fils inaugure l’Alliance nouvelle qu’il va sceller dans son sang. D’ailleurs, n’y a-t-il pas déjà une allusion à sa Passion dans cette remarque un peu étrange : « Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
La grande joie que l’ange annoncera dans la nuit de Noël, ce sera la naissance du Sauveur. Son humanité de nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire n’est pas de la poésie, mais l’entrée du Verbe dans la réalité de ce “dur métier d’homme“ qui le mènera au don suprême, pour que « les morts ressuscitent et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle ». (v.11)
Sœur Jacqueline
